Compte rendu par Hélène Kudzia, rédactrice invitée sur "Nouvelles Lectures".
Hélène Kudzia
Dans le cadre de son 30e anniversaire, le Collège
International de Philosophie (CIPH) a réalisé un livre interactif pour IPad :
InterSections. Pendant le premier semestre 2013 des IPad ont été mis à
disposition dans quelques bibliothèques, dont la nôtre. C'est ce prétexte que
j'ai saisi pour proposer un atelier autour de l'IPad aux déficients visuels le
samedi 11 mai.
Préparation de l'atelier
InterSections, consultable dans ibooks, ne s'est pas révélé
à la hauteur au niveau de l'accessibilité avec VoiceOver, bien que le CIPH
assure avoir pris en compte cet aspect (InterSections propose des vidéos en
LSF). La navigation à l'intérieur du livre est très laborieuse : impossibilité
d'utiliser la table des matières, difficulté pour passer d'un chapitre à l'autre,
impossibilité d'utiliser la lecture en continu de VoiceOver (qui zappe la
colonne de texte de droite et passe à la page suivante).
N'ayant pas pu tester le livre avant la programmation de
l'atelier, il a bien fallu rebondir et réorienter l'atelier sur une découverte
de l'IPad plus que du livre du CIPH.
Le CERTAM - que je remercie vivement - nous a prêté un IPad,
afin que nous ayons 2 appareils à manipuler pendant l'atelier.
Participantes
Cela devient une habitude, cet atelier du samedi matin a été
une fois de plus suivi uniquement par des femmes. 3 étaient présentes, aux
profils très différents ; notre stagiaire malvoyante s'était jointe à elles.
Profils visuels variés : aveugle de naissance, personnes
dont la vue baisse (impossibilité actuelle de lire des livres en gros
caractères), vue stable autour de 2-3/10.
Age : de 25 à 55 ans environ
Familiarité avec les nouvelles technologies : toutes ont
déjà été face à un clavier AZERTY, mais elles ne possèdent pas forcément un
ordinateur avec une aide technique ; elles utilisent couramment des lecteurs
DAISY ou MP3 et se disent à la recherche de nouvelles solutions accessibles
(téléphonie, lecture, ordinateur).
Déroulé de l'atelier
J'ai décidé de commencer l'atelier avec VoiceOver et
d'utiliser le zoom seul et avec VoiceOver en fin de séance parce que VoiceOver
était la solution d'accessibilité qui répondait aux besoins de toutes.
2. Allumer l'appareil, entrer dans les applications, en
sortir : on découvre la voix de Thomas (exclamations positives) et les premiers
gestes de VoiceOver : toucher, balayages gauche-droite / droite-gauche,
double-tap, bouton central.
3. Saisir du texte, se relire : chacune a tenté de créer un
nouveau contact. On a laissé le mode de saisie en standard pendant toute la
séance, même si une participante aurait pu passer en mode dactylo. Pour les
gestes VoiceOver, on a ajouté le balayage vertical, sans insister sur
l'utilisation du rotor. La connaissance préalable du clavier AZERTY a été d'une
grande aide : on savait où chercher les lettres ; passée la difficulté de
comprendre comment repérer une lettre puis la saisir, il a fallu trouver
comment passer de champ en champ !
4. Lire : exploration rapide d'ibooks : choisir un livre
dans une liste, se déplacer au moyen de la table des matières, lancer la
lecture automatique à partir d'un point donné. Là encore, la voix est jugée
agréable pour l'écoute. On ajoute 4 gestes faits avec 2 doigts en parallèle :
lire depuis le début, lire à partir de, stopper la lecture, activer le bouton
"retour".
5. J'ai consacré un petit moment à la présentation
d'applications dédiées aux déficients visuels : détecteur de couleurs,
reconnaissance d'objet, Ariadne GPS, mais le lecteur d'argent a été l'os de
cette démonstration. Ou le billet présenté, comme l'a suggéré une lectrice,
était un faux :)
6. Enfin SIRI a épaté l'assistance ! Pouvoir interroger
directement l'IPad à la voix, c'est simple et ça marche ! "Quel temps
fait-il à Paris?", "Appelle X", "Cherche sur internet une
recette de mousse au chocolat", "où suis-je?".
7. Enfin, les personnes qui ont un reste visuel ont souhaité
tester le zoom ; très vite il est apparu qu'il était plus confortable de
l'utiliser combiné avec VoiceOver, même si cela a suscité des questions sur la
façon dont des gestes communs à VoiceOver et au Zoom pouvaient interférer.
Réactions et conclusions
Et l'Iphone dans tout ça ? Officiellement, on a fonctionné
avec 2 IPads, mais mon Iphone a très vite été de la partie :
- parce qu'on était curieux de savoir à quoi ça ressemblait
un Iphone,
- parce que la connexion wifi de la médiathèque n'est pas
toujours à la hauteur et que dans ce cas la 3G est une très bonne roue de
secours,
- parce que, dans ces conditions, l'Iphone s'est révélé
indispensable pour montrer les fonctions de localisation.
On a une fois encore entendu le souhait de ces personnes de
pouvoir toucher, manipuler et échanger autour des nouveaux appareils ("et
le telorion, c'est comment?"). Les mêmes questions surgissent toujours :
est-ce que je vais y arriver ? combien ça coûte ? Tout le monde s'est accordé
sur le fait qu'il faut un temps d'adaptation pour acquérir la gestuelle et de
l'aisance, mais cela n'a pas paru impossible à prendre en main.
J'ai gardé pour la fin l'incrédulité d'une lectrice :
"Vraiment, l'IPad et l'Iphone, on peut les acheter dans des magazins
normaux?" Eh oui, il existe heureusement quelques appareils standards
accessibles !
Parce que le format EPUB est l'avenir du format DAISY
que nous pratiquons depuis des années, parce que l'ensemble du marché
éditorial s'empare de ce même format, parce qu'il nous est ENFIN
possible de croire que, comme tout un chacun les personnes aveugles et malvoyantes auront accès au même
moment, au même prix et où bon leur semble à n'importe quel ouvrage,
l'AVH, comme toujours, se met en ordre de bataille pour accompagner ces
changements et promouvoir ces nouvelles pratiques qui ne manqueront pas
de bouleverser l'accès à l'écrit des personnes empêchées de lire.
Retrouvez notre représentant, Fernando Pinto da Silva, sur Twitter pour suivre les temps forts de ces rencontres !
2015 : date butoir pour l’application de la loi "Handicap" du 11 février
2005. Les bibliothèques ont leur partition à jouer pour rendre espaces,
services et collections accessibles à toutes et tous.
À la faveur de
cette obligation légale et des progrès technologiques, quelles sont les
actions innovantes mises en œuvre à cette fin ? Quelles difficultés les
professionnels rencontrent-ils et quelles aides peuvent leur apporter
les spécialistes de l’accessibilité dans les établissements recevant du
public ?
Au travers des témoignages de professionnels, de pratiques
et d’horizons divers, cette journée organisée par des conservateurs
stagiaires DCB22 tentera de rendre compte de la situation actuelle et
d’alimenter la réflexion sur cette question.
PROGRAMME
9h30-10h : accueil, café
10h00-12h30 : l'accessibilité des bibliothèques
Les handicaps, le contexte réglementaire : état des lieux des
bibliothèques en France à l'horizon 2015, Vanessa van Atten, chargée de
mission, Service du livre et de la lecture, Ministère de la Culture et
de la Communication
Changer de regard sur le handicap, Yasmina Crabières, responsable du
service Médiavue et handicap, Médiathèque Jean-Jacques Rousseau,
Chambéry
L'accessibilité en bibliothèques :
- le diagnostic d'accessibilité, Xavier Berthet, co-fondateur de l'agence Handigo, architecte expert en accessibilité
- le conseil en aménagement et signalétique, Gilles Candotti, directeur général CECIAA /ASCIER.
Débat
12h30-14h : pause déjeuner
14h-17h : des services innovants
L'accessibilité numérique, Antoine Fauchié, référent numérique à l’Agence Rhône Alpes pour le livre et la documentation
« Nous voulons tout, au même moment et au même prix : de Daisy 2 à
Epub 3 ! », Luc Maumet, responsable de la médiathèque Valentin Haüy,
Paris
Retour d'expérience sur le multimédia pour les déficients visuels à
la médiathèque Marguerite Duras, Hélène Kudzia, responsable du pôle Lire
Autrement à la médiathèque Marguerite Duras, Ville de Paris
Rendre les expositions accessibles à tous, Anne-Hélène Rigogne, chef
du service des expositions, Bibliothèque nationale de France
Par Céline Boeuf, rédactrice invitée sur "Nouvelles Lectures".
Céline Boeuf
Depuis le 21 mars 2013, la Salle
Louis Braille, à la Cité
des sciences, et l’association BrailleNet se sont associées pour proposer un
atelier « Découvertedu tactile avec
Voice Over». Cet atelier individuel, qui s’adresse aux personnes déficientes
visuelles, est gratuit et personnalisé.
Etant totalement aveugle et n’ayant qu’une connaissance
théorique des outils avec écran tactile, je l’ai moi-même suivi, apprenant,
durant une heure et demi, la grammaire gestuelle de base pour manipuler un iPad. Le choix a effectivement été fait de centrer cet atelier sur cet appareil
déjà équipé de Voice Over, mais Sylvie Duchateau (BrailleNet), a pris soin de
rappeler, en préambule, que d’autres dispositifs accessibles existaient.
L’atelier a débuté par une découverte très pragmatique de la
tablette, de ses différents ports et boutons et de leurs fonctions respectives.
Par la suite, j’ai appris progressivement quels étaient les gestes à effectuer
selon l’action que je souhaitais accomplir, avant d’aller plus avant dans la
découverte de diverses applications. La connexion en bluetooth à une plage
tactile fut également abordée durant cet atelier.
A l’issu de cette rencontre, j’étais entre autre en mesure
de naviguer dans le contenu de l’Ipad, de choisir par exemple un Ibook et de le
feuilleter. Je savais aussi bien interroger Siri et en obtenir une réponse. Ces
quelques exemples illustrent que, s’il ne s’agit en aucun cas d’une formation
approfondie, cette initiation est idéale pour faire définitivement tomber les
appréhensions que l’on peut avoir a priori face aux tactiles.
Enfin, les documents qui nous sont communiqués après cette
initiation s’avèrent être un aide-mémoire très didactique et, par conséquent, très
appréciable.
Je remercie donc Déborah Rinçon, bibliothécaire à la Salle Louis braille, et Sylvie Duchateau, de BrailleNet, pour leur accueil.
Pour en savoir plus : atelier gratuit sur inscription obligatoire auprès des médiatrices de la Salle Louis Braille par téléphone au 01 40 05 78 42 ou par email : sallelouisbraille@universcience.fr
Entrée libre sur inscription,
organisée en partenariat avec la Méjanes avec le concours de la commission
Handicap de l’ABF. Cette journée a pour objectif de permettre aux professionnels
des bibliothèques de se préparer à l’échéance de 2015 et de pouvoir proposer et
adapter une offre de services cohérente en fonction des différentes contraintes
réglementaires et budgétaires.
Matinée (9h00-12h30) 8h30-9h00 : Accueil 9h00-9h30 : Allocutions d’ouverture 9h30 – 10h30 : La réglementation et l’obligation d’accessibilité Vanessa Van Atten, chargée de mission au Service du Livre et de la Lecture, Ministère de la Culture et de la Communication 10h30- 11h : Questions
11h : L’accueil du public handicapé en bibliothèque Marie-Noëlle Andissac, responsable du développement
des publics et du département L'œil et la lettre à la Médiathèque José
Cabanis, responsable de la commission « Handicap » de l’Association des
bibliothèques de France 12h00-12h30 : Questions
12h30-14h : Déjeuner libre
Après-midi (14h-17h30)
14h - 15h15 : Accessibilité et bibliothèque numérique
Présentation de la Médiathèque Valentin Haüy - Luc Maumet, responsable de la médiathèque de l’Association Valentin-Haüy.
Médiation et bibliothèque numérique - Louis Burle, Conseiller Livre et Lecture Région PACA 15h30 - 16h : Questions 16h - 17h : Des expériences d’actions et de coopération
Services, initiatives et coopération en bibliothèque universitaire - Christophe Poret, Bibliothèque universitaire de Toulon
Les étudiants sourds, accueil en bibliothèque universitaire et accès à l’écrit - Leila Boutora et Mélanie Hamm, Aix-Marseille Université 17h - 17h30 : Questions
Bulletin d'inscription à renvoyer avant le 17 juin à l’adresse suivante : ABF PACA
Médiathèque Louis Aragon
Quai des Anglais 13500 Martigues
Jean-Pierre Carpanini et moi-même étions invités, aujourd'hui, sur Vivre FM pour présenter Éole, le nouveau service de téléchargement de la Médiathèque Valentin Haüy.
Retrouvez l'intégralité de l'émission, grâce à nos amis du CERTAM, ici.
Après un mois de mise au repos de ce blog, pour cause de lancement de Éole, voici une nouvelle présentation détaillée d'un atelier organisé par Hélène Kudzia à la Médiathèque Marguerite Duras, à destination des personnes déficientes visuelles.
Cette fois-ci Hélène a présenté à ses visiteurs aveugles et malvoyants le lecteur Victor Stratus 12M.
un lecteur Victor Stratus 12 m
Vous pouvez écouter l'interview en lançant la vidéo ci-dessous ou lire l'intégralité de sa transcription un peu plus bas.
Interview d’Hélène Kudzia (bibliothèque
Marguerite Duras) accordée à Luc
Maumet (médiathèque de l’AVH) 25 Avril 2013
L.M : Bonjour
Hélène Kudzia
H.K :
Bonjour Luc
L.M : Avant qu’on commence à parler de ton atelier, est-ce que tu peux te présenter
en deux mots s’il te plait ?
H.K : Après
avoir travaillé avec toi pendant quelques années à la bibliothèque de l’AVH, je
travaille maintenant pour la médiathèque Marguerite Duras qui est une
bibliothèque municipale de la
Ville de Paris. Sa spécificité, c’est d’avoir un pôle
d’accueil de déficients visuels qui s’appelle le pôle Lire Autrement.
L.M : Aujourd’hui, je suis venu t’interviewer pour que tu nous parles un peu
plus d’un atelier que tu as organisé récemment. C’est un atelier qui a porté
sur quoi ?
H.K : On a
organisé samedi dernier, on était samedi 20 avril 2013, un atelier sur le lecteur
Daisy Victor Stratus 12M.
L.M : Ce lecteur Daisy, c’est un lecteur qui est adapté pour la lecture de
livres par les personnes déficientes visuelles ou plus largement des personnes
handicapées. Quel était le but de l’atelier ?
H.K : La
bibliothèque a acquis cinq lecteurs Daisy Victor Stratus. Il y en a ici cinq à
Marguerite Duras, il y en a cinq autres dans l’autre bibliothèque pour pôle
Lire Autrement à Marguerite Yourcenar dans le 15ème arrondissement.
Ces lecteurs, on les a achetés pour la bibliothèque. On
va les prêter aux lecteurs déficients visuels ou ayant un autre handicap qui
souhaitent lire des livres Daisy. Et pour lancer ce service, on en proposait un
petit atelier pour découvrir l’appareil pour ceux qui ne les connaissaient pas et
les personnes qui avaient déjà un Victor mais d’un modèle plus ancien qui
voulaient venir voir à quoi ressembler le Victor Stratus étaient les bienvenus.
Il y avait aussi des personnes qui avaient un lecteur Stratus mais qui ne
maîtrisaient pas toutes les fonctions, qui voulaient en savoir plus, qui
étaient invitées.
L.M : Avant
qu’on parle de la façon dont cela s'est passé, est-ce que tu peux nous dire deux mots
sur la méthode ou l’organisation. Est-ce que tu as prévu un déroulé
ou tu as prévu de t’adapter aux questions des participants ?
H.K : Alors,
quand on fait ce genre d’atelier, c’est sans inscription. Donc, effectivement,
je ne sais pas combien de personnes vont venir, je ne sais pas non plus si des
personnes vont venir. Ce jour-là, il y avait six personnes qui sont venues avec
des attentes et des profils très divers. Donc effectivement, là j’avais préparé
les choses matériellement, c’est-à-dire préparer les Victor, vérifier qu’ils
étaient tous paramétrés la même manière, préparer des cartes mémoires, des
cartes SD avec des contenus pour que l’on puisse faire l’atelier. Mais je
n’avais pas préparé un déroulé
particulier au niveau du contenu de l’atelier puisque là je préfère m’adapter aux
personnes qui seront là.
L.M : Entrons
dans le vif du sujet. Comment cela s'est passé ? Tu m’as dit que six personnes
étaient venues. Quelles étaient leurs attentes ? Qu’est-ce que tu as pu
leur montrer ?
H.K : Là, on
avait deux personnes qui nous avaient prévenus qu’elles viendraient donc on
savait qu’on aurait deux personnes au moins et finalement elles étaient six,
que des femmes. On a une lectrice qui a acheté, il
y a un an à peu près, un Victor Stratus mais qui a encore du mal à utiliser
certaines fonctions. Je la connaissais déjà, elle était déjà venue. La bibliothèque lui prête déjà des livres ou l'aide à
télécharger des livres sur certaines bibliothèques spécialisées (la BNFA, la bibliothèque de l'AVH). Donc on l’aide à faire la gestion de sa carte mémoire entre autres parce
qu’ elle n’a pas d’ordinateur. Elle a des questions précises. On
avait d’autres personnes que j’avais pu croiser dans d’autres contextes mais
qui venaient pour la première fois à un atelier à la bibliothèque. Je pense
notamment à deux personnes aveugles qui avaient des Victor, des vieux modèles. Elles s’en servaient encore ou ne s’en servaient plus. Elles venaient
voir plutôt ce qu’était le nouveau Stratus. Une bibliothécaire malvoyante est venue en
observation. Elle venait à la fois pour elle, parce
qu’elle ne maîtrise pas totalement le Victor Stratus, et aussi pour avoir des
idées de ce qu’elle pourrait faire dans sa bibliothèque pour les aveugles et
les malvoyants. Et personne qui avait été emmenée par une de ses voisines
qui avait vu par hasard l’information sur cet atelier dans le magazine
« En Vue » qui donne l’actualité des bibliothèques de Paris.
L.M : Donc
chacun des visiteurs avait des attentes assez différentes et de surcroit
c’était des personnes déficientes visuelles. Pratiquement, ça n’a pas été trop
compliqué de montrer ces appareils qui sontpar définition des appareils qui parlent à six personnes en même temps
qui avaient des attentes qui pouvaient diverger peut-être.
H.K : Alors,
oui. Il y a eu des petits moments de cacophonie
même si l’on essayait d’avoir un déroulé un petit peu commun. Parfois on disait "bon alors ça c’est la touche qui va donner l’heure" et alors
il y a cinq appareils qui se mettaient à donner l’heure en une minute
d’intervalle donc parfois on ne savait pas trop son
appareil ou l’appareil du voisin qui parlait. Mais cela s'est bien passé puisque les
gens qui avaient déjà un petit peu l’habitude d’utiliser ces appareils ont
assez vite compris qu’il fallait mieux laisser les moins expérimentés
manipuler d’abord pour qu’ils aient vraiment le retour du son de leur appareil
en même temps. Cet atelier avec un casque ça voulait dire, pour moi, ne pas avoir de de
retour sur ce que chacun faisait. Ce n’était pas
non plus le but, c’est un peu la cacophonie mais ça s’est bien passé.
L.M :
D’accord, est-ce que tu penses que les personnes qui sont venues sont
reparties avec une maîtrise complète de ces appareils Stratus ? Ou est-ce
que ça consistait en une forme d’initiation et qu'il leur faudrait une formation plus
approfondie. Quel niveau de connaissance, tu penses, qu’ils ont pu
acquérir ?
H.K : Des
niveaux complètement divers. Il y a une personne en fait qui avait encore à la
fin de l’atelier du mal à distinguer la touche « lecture/pause » et
la touche « éjecter ». C’est sûr dans un atelier comme ça, il y a un
bout de déroulé qui est forcément un déroulé commun, c’est-à-dire qu’au départ,
on fait le tour de l’appareil physiquement, appareil éteint, on garde
l’appareil avec le cache ensuite on enlève le cache. Et il y a une despersonnes pour laquelle on n’aurait pas
enlevé le cache si on l’avait reçue en individuel. A cause de la progression de
l’atelier, au bout d’un moment, effectivement il faut qu’on l’enlève parce que
les autres sont en attente. Donc elle a découvert l’appareil, elle a découvert
surtout que le service existait et elle peut revenir, venir emprunter des
livres audio, etc. Elle ne connaissait pas du tout l’existence de la
bibliothèque, du pôle Lire Autrement et pour l’appareil, on reprendra. Après,
on a des personnes qui avaient un Victor mais qui par exemple ont redécouvert
qu’il y a des fonctions « signet » qu’ils n’utilisaient jamais les
signets et qu’ils sont bien, ça peut être super pratique. Je pense que quand elles ont eu leur premier Victor, elles ont appris plein de choses, elles ont forcément
fait l’impasse sur d’autres et là c’est l’occasion de redécouvrir ça.
L.M : Tu
peux nous rappeler qu’est-ce que c’est cette fonction « signet »,
s’il te plait ?
H.K : On a
la possibilité avec ce lecteur Daisy de placer des signets à certains endroits
du document pendant la lecture, des endroits qu’on peut retrouver après,
l’exemple que je donne souvent, je suis chez-moi en train de lire un livre
Daisy, je me suis dit que ce passage est super intéressant, je voudrais bien le
faire écouter à un ami qui va venir. Je mets un signet et quand la personne à qui j’ai envie le faire écouter est là, je peux retourner à cet endroit
précis du livre, même si entre-temps, j’ai avancé dans ma lecture de ce livre,
j’ai lu un autre livre, j’ai écouté un Cd de musique, etc.
L.M :
D’accord.
H.K : Et
donc pour finir sur la question d’avant, oui, il y a des personnes qui sont
venues aussi avec des questions précises. Il y a même une personne qui est
venue avec son propre appareil avec qui on a fait des choses sur son appareil.
Ces personnes, ça leur apportait des réponses à leurs questions. C’était aussi
important dans un but d’échange puisque les déficients visuels qui viennent
sont parfois aussi en attente de contact, d’échange avec d’autres déficients
visuels donc moi ça m’intéresse aussi qu’il y ait différents niveaux d’utilisation dans
les personnes qui fréquentent ces ateliers pour qu’il puisse y avoir d’échanges
et pour qu’il n’y ait pas que ma parole qui soit donnée mais aussi un peu de
retour d’autres utilisateurs.
L.M : Très
bien. Ces six personnes qui ont fréquenté l’atelier, on a compris qu’elles ont
des profils différents, est-ce que tu penses que par la suite ce sont des gens qui seront
susceptibles de revenir voir Marguerite Duras et le pôle spécialisé pour des
conseils sur le Stratus ou c’est plutôt des gens qui ont trouvé l’information
qu’ils cherchaient et qui vont passer à autre chose. Comment est-ce que tu
envisages la suite pour ces participants-là ?
H.K : Il y a
une des utilisatrices qui habite tout près dont je savais très bien qu’elle n’était
pas encore venue à la bibliothèque, elle attendait une occasion, ça y est, elle
s’est inscrite après l’atelier et elle va revenir. Alors, peut-être pas pour
emprunter un Stratus mais en tout cas pour emprunter des documents à la
bibliothèque et sans doute pour de l’aide à du téléchargement sur des
bibliothèques spécialisées. Une autre personne m’a déjà sollicitée pour un
atelier multimédia de découverte de la
BNFA pour lequel on a fixé un rendez-vous donc il va y avoir
en tout cas des choses, des retombées indirectes en tout cas par rapport à
Stratus. La personne qui découvrait complètement
l’appareil, qui n’est pas encore équipée peut sans doute revenir, peut-être
revoir Stratus, l’emprunter. Puis il va y avoir un bouche à oreille qui va se
faireautour de ça, c’est très important
pour nous. On a aussi annoncé à la fin de cet atelier que dans deux mois, on ferait
un atelier autour de la présentation des revues Daisy du GIAA auxquelles on
s’est abonné et ça, on a entendu qu’il y avait une demande par rapport à ça et
donc on va refaire un atelier plutôt autour de Daisy et de la navigation et on
va réutiliser le Stratus plus pour ces fonctions Daisy et moins dans une
optique de découverte générale et là je pense qu’il y a la demande.
L.M : Pour
les participants de cet atelier, on l’a compris, c’est un succès puisqu’ils ont
trouvé ce qu’ils sont venus chercher. On peut envisager en plus une forme de
progression dans les relations avec la médiathèque Duras puisqu’ils peuvent
revenir pour découvrir ces revues à l’aide du même outil. Est-ce que vous allez
envisager de réorganiser l’atelier autour du Stratus, celui de l’atelier
original, celui dont on a parlé ?
H.L : Je ne
suis pas sûre d’en organiser un autre dans l’immédiat ici en tout cas sur un
mode de petit groupe comme çà. Il se peut très bien que l’on le refasse d’ici
six mois. En tout cas, on peut faire ce genre d’atelier enindividuel, et ça on le fait à la demande
sans aucun problème. Il y enaura
peut-être un qui va s’organiser à la bibliothèque Marguerite Yourcenar quand
elle va aussi lancer ce service. Je pense, que pour d’autres bibliothèques qui
s’équiperaient en lecteur Daisy, c’est très intéressant en tout cas de faire çà.
Après effectivement, je vais plus continuer dans une progression à la
découverte d’autres choses, d’autres bibliothèques de téléchargement, ou de
voir des choses en combiné, peut-être un jour, un atelier qui pourrait être du
téléchargement à la mise sur une carte SD pour aboutir à comment je lis sur mon
lecteur Daisy, des choses comme çà pour lesquelles on sent qu’il y a la
demande.
L.M : Très
bien. Tu as évoqué le fait que vous avez fait l’acquisition d’un certain nombre
de lecteurs Daisy, 5 lecteurs du modèle
Stratus 12M, et vous allez donc les prêter à des usagers, quelles vont être les
modalités de prêt, c’est pour une durée limitée, il y aurait une présentation
du lecteur à la personne qui vient l’emprunter, c’est pour de la
découverte ?
H.K : Pour
emprunter le lecteur, il faudra être inscrit à la bibliothèque, enfin dans une
des bibliothèques de Paris, et avoir présenté un justificatif de son handicap. Cela
veut dire qu’on assimile ça au prêt de livres Daisy et donc pour emprunter des
documents Daisy, il faut justifier qu’on est bénéficiaire de l’exception
handicap et pour le Victor, c’est pareil. Effectivement, on présente l’appareil
au moment du prêt, le bibliothécaire évalue très rapidement si la personne a
besoin plutôt qu’on lui présente l’appareil avec un cache dans des fonctions
très basiques (magnétophone, lecture/pause, avance/recule) ou bien dans une
fonction, avec des fonctions plus avancées dans le modèle 12M, on voit toutes
les touches plutôt pour une navigation Daisy, etc. C’est le bibliothécaire qui
évalue, qui ensuite prête l’appareil à la personne, lui montre rapidement les
fonctions de base. On prête l’appareil avec un chargeur, avec le Cd mode
d’emploi et en fonction de la demande de la personne, éventuellement avec une
carte SD qu’on a chargée ensemble avec les livres que la personne a demandés,
si ce sont des livres qui proviennent de la bibliothèque de téléchargement.
L.M : Très
bien. Le service de prêt de Stratus, il a commencé, il va commencer bientôt ?
H.K : Le
service est en place. Les gens peuvent venir emprunter. On a fait quelques
prêts. Pour l’instant, les prêts qu’on a faits, donc il y a une personne qui
préparait des concours administratifs et qui avait un besoin de pouvoir
consulter des livres notamment des livres de droit, des livres qui l’aident à
préparer des concours qu’on a pris sur la BNFA et donc on a chargés. On a aussi déjà prêté des appareils à des personnes qui font
du portage, donc pour lecoup, ce sont
des personnes bénévoles valides qui ont appris aussi le fonctionnement basique du
lecteur pour pouvoir le présenter à des bénéficiaires du portage donc souvent
des personnes âgées qui ont des problèmes de vue. Après quand des personnes achètent leur propre lecteur on peut continuer, nous, à
charger les cartes même si on ne prête pas le Victor. Le Victor s’emprunte
comme un livre donc 3 semaines, c’est la durée de base et au bout de 3
semaines, on peut prolonger le prêt 2 fois, 3 semaines, et après, je pense
qu’on verra en fonction de la demande, en fonction du nombre d’appareils
sortis, si on étend ou pas la durée de prêt. Un appareil sera ré-empruntable
s’il n’y a pas d’autre demande et sera à rendre s’il est réservé pour un autre
usager.
La prolongation, on peut la faire en ligne comme pour
n’importe quel livre, on peut aussi réserver un Victor en ligne.
L.M : Très
bien. Je pense qu’on a fait le tour de cet atelier autour de Stratus à moins
que tu ais quelque chose à ajouter ?
H.K :
Qu’est-ce que je pourrais ajouter ?
L.M : Une
dernière question peut-être de ma part. Est-ce que tu es disponible si descollègues dans d’autres bibliothèques
publiques veulent monter ce genre d’atelier. Est-ce que tu es prête à partager
ton expérience, est-ce qu’il y a un document qui concerne cet atelier et qui
estdisponible ou pas ?
H.K : Alors
comme on l’a dit tout à l’heure, pour moi c’est vrai je m’adapte au public qui
vient, je fonctionne au maximum sur un mode question-réponse même si j’ai un
petit déroulé en tête au départ pour la découverte physique de l’appareil avec
cache sans cache, quel type de livres on écoute d’abord, du livre le plus
simple au livre plus compliqué. Oui, les bibliothécaires peuvent échanger, il
n’y a pas de souci. La preuve il y avait déjà une bibliothécaire présente samedi. Il y avait aussi mon collègue Emmanuel qui vient de Marguerite Yourcenar qui
était là à la fois pour observer comment s’était passé l’atelier chez-nous pour
pouvoir en faire aussi à Yourcenar et qui m’a aussi donné un coup de main donc
c’est une expérience qui se partage complètement. Des gens peuvent aussi aller
emprunter déjà, il y a des emprunts
possibles de Victor Stratus à Yourcenar, pour l’instant ce sont des
présentations individuelles mais ça marche en fait, aucun souci, le partage
d’expériences.
L.M : Je te
propose qu’on s’arrête sur ces mots très positifs en espérant que cela s'étende à
beaucoup de bibliothèques publiques. Je te remercie vivement de m’avoir accordé
du temps pour me présenter cet atelier et puis je te dis à très bientôt pour la
présentation d’un autre atelier ou partager avec nous une autre expérience.
H.K : Merci
d’être venu jusqu’à nous ce matin et effectivement moi aussi, j’espère que
d’autres bibliothèques vont se lancer dans l’aventure pour toucher ce public de
personnes qui sans ça seraient de plus en plus éloignées de la lecture.